Après
les sommeils léger et profond, vient le sommeil paradoxal, correspondant à
l’association d’une paralysie motrice et d’une activité cérébrale intense.
C’est à ce moment qu’il y a production des rêves. Désir pulsionnel, correctif
d’une réalité non satisfaisante ou encore répétitif de traumatismes graves, le
gardien du sommeil est, lorsqu’il est réussi, l’accomplissement du désir de
dormir : il permet une décharge pulsionnelle qui fait baisser l’intensité
de l’appareil psychique. Construit à partir de stimuli corporels, de restes
diurnes, il permet en même temps de cheminer quant à la connaissance de
l’inconscient. Le psy aide alors à l’accès de son interprétation qui se fait,
en amont, à l’appui d’associations libres du patient.
Aujourd’hui, l’inondation d’informations tend à fragiliser la pensée libre. Il demeure peu d’espaces de réflexion pour raisonner. Or, les rêves démarrent quand la pensée est libre. Il a été observé, au carrefour de nombreux troubles somatiques, une absence de remémoration de rêves ; chez les personnes souffrant de cancer, que beaucoup ne rêvaient plus ; chez ceux qui en sont privés, le développement de troubles graves. Dans « Les rêveries du promeneur solitaire », J. J. Rousseau écrit : « Ces heures de solitude et de méditation sont les seules de la journée où je sois pleinement moi et à moi sans diversion, sans obstacle et où je puisse véritablement dire être ce que la nature a voulu ». Juin 2022